CFP: Aurea Mediocritas

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APPEL A COMMUNICATIONS

COLLOQUE INTERNATIONAL ORGANISÉ PAR LA SÉAA XVII-XVIII

Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle

4 rue des Irlandais

75005 PARIS

16-17 Janvier 2015

« Aurea mediocritas » : les classes moyennes dans le monde anglophone à l’époque moderne

Chez les Anciens comme dans les textes bibliques, il semble que le sort le plus enviable et le plus susceptible de conduire à la vertu soit de vivre entre l’abondance et la rareté. Horace fait l’éloge de la médiocrité dorée dans son ode célèbre (2,10) tandis que dans les Proverbes, Agur supplie Dieu de ne lui donner ni richesse, ni pauvreté (Prov. 30 :8-9). Dans les deux cas, appartenir aux castes extrêmes de la société comporte des dangers non négligeables. Après avoir étudié maints aspects de la dialectique de l’excès et de la mesure en 2013, 2014 sera l’occasion pour les chercheurs du monde anglophone moderne de s’interroger plus précisément sur les définitions et les représentations de ceux qui ne dépendaient que de leur industrie, puisqu’ils ne s’inscrivaient ni dans l’aristocratie des élites terriennes, ni dans la caste des indigents vivant de la charité.

Dans son article « Class by Name and Number in Eighteenth-Century England », Penelope Corfield affirme que l’un des changements paradigmatiques essentiels de l’époque moderne résidait dans la vision de la société : depuis la grande chaîne des êtres médiévale où chacun devait immuablement tenir son rang, vers une organisation plus dynamique où il devenait possible d’aspirer au changement. Les « industrieux » comme les appelle Christopher Hill (Society and Puritanism in Pre-Revolutionary England) apparaissent comme ceux qui étaient le plus susceptibles d’espérer pour eux-mêmes ou pour les générations suivantes de connaître cette élévation sociale rendue possible par de nouvelles structures urbaines, sociales et même financières, avec par exemple le développement des sociétés par actions qui finançaient les expéditions coloniales, entre autres. Malgré les études déjà nombreuses sur cette partie de la population, il semble qu’il soit possible aux chercheurs d’aujourd’hui de continuer le travail d’investigation dans les Iles britanniques comme dans la jeune Amérique. Dès la période coloniale, William Bradford semblait considérer de manière très positive les colons industrieux qui tous possédaient leur terre (« Social Organisation of Property and Economics at Plymouth », 1623), et Crèvecoeur, dans ses Lettres d’un fermier américain, décrivait l’Amérique comme une classe moyenne unique, en particulier débarrassée de l’aristocratie (« What is an American », lettre 3, 1782). Sa description n’est pas sans rappeler celle de nombre d’utopistes britanniques non-conformistes qui voyaient dans la classe industrieuse le matériau parfait pour former une société idéale ressemblant à la Sparte antique ou à la Rome républicaine. Malgré cela, les aspirations sociales de ce groupe social n’étaient pas sans soulever maintes critiques de la part de ceux qui les considéraient comme des parvenus qui tentaient d’imiter le mode de vie des élites sans en avoir les valeurs ni les vertus. La satire y trouva une source d’inspiration fort féconde.

Sur les deux rives de l’Atlantique, la littérature fut profondément affectée par l’évolution sociale de l’époque moderne. Les journaux des puritains et les romans témoignent des mutations de l’écrit. Robinson Crusoé, l’un des personnages les plus connus de l’un des tout premiers romans de langue anglaise, semble fort bien incarner les ambiguïtés de la médiocrité dorée : deuxième de trois fils, Crusoé est caractérisé à la fois par sa transgression de l’ordre paternel et par son esprit d’entreprise. Les personnages de la littérature de cette époque, mais aussi leur environnement géographique ou social offrent un immense champ d’études. De même, les arts visuels invitent-ils à étudier les nouveaux codes picturaux et les genres qui s’adressaient à ce public nouveau.

Les communications traiteront des multiples façons dont est définie et représentée la classe moyenne qui se voyait dans la situation de la médiocrité dorée, dont on pourra se demander dans quelle mesure elle était d’ailleurs d’or, ou seulement dorée. Tous les champs des études anglophones peuvent être explorés : depuis les questions sociales, religieuses et culturelles. La musique et la chanson, mais aussi les arts visuels de l’époque moderne offriront avec la littérature des exemples de célébration ou de satire privilégiés.

Les propositions, en anglais ou en français, accompagnées d’une bibliographie sélective et d’un court CV, peuvent être adressées à :

Alexandra SIPPEL. Contact: alexandra.sippel [at] univ-tlse2.fr

Guyonne LEDUC. Contact: presidence [at] 1718.fr

Pierre DEGOTT. Contact: secretariat [at] 1718.fr

Date limite d’envoi des propositions : 25 avril 2014

Remise de la décision du comité scientifique : 30 juin 2014

 

CALL FOR PAPERS FOR THE INTERNATIONAL SÉAA XVII-XVIII CONFERENCE

(SOCIÉTÉ D’ÉTUDES ANGLO-AMÉRICAINES DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES)

Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle

4 rue des Irlandais

75005 PARIS

16-17 January 2015

“Aurea mediocritas”? the middling sort of people in the modern English-speaking world.

Whether in biblical or ancient sources, there were many reasons to celebrate the middling station in life. Horace’s Ode (2, 10) celebrating aurea mediocritas or Agur’s prayer to the Lord that He might give him neither poverty nor riches (Prov. 30:8-9) both point at the dangers of belonging to the highest or lower orders of society. After the 2013 conference on Measure and Excess, this 2014 gathering will offer a chance to focus more closely on the definitions and representations of those who were in between the landed elite and the dependent poor.

In “Class by Name and Number in Eighteenth-Century England” Penelope Corfield argues that the modern period was marked by deep alterations to the vision of society: from the medieval Great Chain of Beings where all were to keep their assigned place to a more dynamic organisation in which evolution was possible. A common feature of this middling sort of people is that they were able to support themselves by their own exertions. Christopher Hill addresses them in Society and Puritanism in Pre-Revolutionary England as “the industrious sort of people”. Despite the already large amount of attention that has been devoted to them, more could still be unveiled to refine their identification both at the national and at the more local levels, in England/Britain and in the growing settlements abroad, especially in North America. From William Bradford (“Social Organisation of Property and Economics at Plymouth”, 1623) to Crèvecoeur (“What is an American?” Letter 3, 1782), the idealised American was shown as an independent farmer who could rely on his labour and property to claim that America formed a society of equals. Many Dissenting British utopists also organised their ideal societies around a unique middle class made up of equally industrious people sharing the responsibility for their continued happiness. According to this vision, the middling sort of people did embody the golden mean. Yet to others, they were more of a gilded than a golden mean and the alleged virtues of this class were the targets of many a satire.

On both sides of the Atlantic literature addressed this readership, especially in the newly-born genre of the novel. The evolution of the language and codes used in literature can prompt interesting reflection: Robinson Crusoe is the middle son of his family and displays both the faults and qualities of the middling sort of people as he refuses to abide by paternal law and proves himself able to import civilisation on his desert island. As authors themselves, the industrious depicted their own lives in their own words and Puritan diaries as well as early novels reflected their concerns and their appropriation of language for artistic purposes. Yet, both literature and other arts voiced concerns, often in satires, over the ambitions of this class that seemed to threaten traditional values, including artistic ones. The representation of these characters as well as of their geographic and urban environments opens vast possibilities of investigation for scholars.

Papers will address the numerous ways in which the golden – or gilded – mean was represented or represented themselves in the modern English-speaking world. As they seemed to be a ubiquitous source of interest, all fields of English studies can be explored to unveil more about their social, cultural, religious and artistic aspirations, as well as about the means that were used to celebrate or deride them in the literature, painting or music of the times.

Proposals, plus a selective bibliography and bio-bibliographical CV, may be simultaneously submitted to:

Alexandra SIPPEL. Contact: alexandra.sippel [at] univ-tlse2.fr

Guyonne LEDUC. Contact: presidence [at] 1718.fr

Pierre DEGOTT. Contact: secretariat [at] 1718.fr

 

Deadline for abstract submission: 25 April 2014

Decision of the scientific committee: 30 June 2014

Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe Siècles