Appel à communications

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LA COULEUR DANS LE MONDE ANGLOPHONE AUX DIX-SEPTIÈME ET DIX-HUITIÈME SIÈCLES

12-13 janvier 2018

Conférencière invitée : Madame le professeur Jacqueline Lichtenstein (Université

Paris Sorbonne)

Appel à communications
La couleur peut être problématisée d’un point de vue esthétique, historique, poétique

et scientifique. Alors que le langage de la couleur et, selon le terme employé par

Jacqueline Lichtenstein, son éloquence, ont été marqués par des changements importants

au fil des dix-septième et dix-huitième siècles, nous invitons les participants à ce

colloque à soumettre des propositions dans lesquelles les mutations historiques,

philosophiques et sociales seront évaluées au prisme de la couleur, tant sur le plan

de la production, de l’application que de la perception. On s’intéressera donc à la

matérialité des couleurs, mais aussi à la couleur comme discours et objet de discours,

en convoquant plusieurs approches épistémologiques et méthodologiques. La couleur

comme un enjeu à travers des facteurs économiques, politiques, sociaux interagissant

durant toute la période permettra d’aborder les questions sous-jacentes liées à la

couleur.
Nombreuses sont les approches possibles. En littérature, par exemple, on pourra se

demander quelles sont les répercussions symboliques et esthétiques de l’emploi de

certaines couleurs dans l’écriture dramaturgique, la fiction ou la poésie. Quelles

couleurs ont joué un rôle prépondérant chez certains auteurs, mais également dans de

cadre de quelles sociabilités ou cercles spécifiques de lecteurs la couleur avait de

l’importance. Au-delà de la couleur prise comme un code herméneutique, certaines

couleurs sont dotées d’une aura particulière, comme le montre la récente polémique

suscitée par l’embargo d’Anish Kapoor suite à la découverte d’un noir absolu, nommé

Vantablack. Trouve-t-’on un équivalent à cette démarche dans la période qui nous

intéresse ? Les plus célèbres pages de Tristram Shandy témoignent d’un choix

chromatique qui se transforme en pierre de touche pour un langage esthétique mais

articulent également un questionnement sur le monde de l’imprimé et sur des techniques

de reproduction. Au cours du long dix-huitième siècle, et en rapport avec

l’industrialisation, a émergé une nouvelle société en Grande- Bretagne et dans la

jeune Amérique. Inspirée des manuels de peinture chinois du dix-septième siècle, la

technique d’impression polychrome s’est développée. Cartographier la circulation et la

diffusion de ces nouveaux supports imprimés en prenant en compte l’essor du marché de

l’estampe est aussi lié à l’emploi de la couleur. Qu’il s’agisse de cartes, d’ouvrages

d’anatomie, de botanique ou d’ornithologie les illustrations en couleurs y tenaient

une place de choix. Ces illustrations, le plus souvent réalisées à la poupée,

faisaient montre du talent des artistes et de la nécessité d’organiser la chaîne de

travail. Mais ces images s’inscrivaient aussi dans une pratique expérimentale et

parfois empiriste. Les communications portant sur la distribution des tâches dans les

ateliers ou encore des archives permettant d’établir les critères qui présidaient au

choix entre couleur et monochromie seront les bienvenues. La manière dont les auteurs

décident des couleurs de vêtements pour les personnages dans un texte, sur scène, ou

sur une toile fait de la couleur autant une décision narrative qu’un procédé de

visualisation. L’histoire du costume au dix-huitième siècle, notamment, est marqué par

un goût prononcé des hommes et des femmes pour les couleurs vives. Comment cela

s’inscrit-il dans des pratiques vestimentaires en amont et quels sont les paramètres

qui attestent de changements dans ce domaine. Bien avant l’IKB d’Yves Klein, Wedgwood

avait bâti un empire industriel lié à un bleu pâle emblématique devenu la marque de

fabrique de cette société du Staffordshire. Le textile, le cuir et la porcelaine

étaient des industries florissantes, en partie grâce à la couleur.
Parmi les nombreuses pistes possibles, on peut envisager de traiter le rapport entre

la couleur et les sens, ou encore se demander quels sont les paradigmes à l’oeuvre

dans la réception et perception des couleurs (traité de Goethe sur les couleurs,

Waller, cercle colorimétrique de Newon, RVB de Thomas Young). Jacqueline Lichtenstein

remarque au sujet de Roger de Piles que, selon lui, pour lui « le peintre doit

convaincre (nos) yeux tout comme l’éloquence d’un homme doit toucher notre cœur. » La

couleur est autant modalité rhétorique que le reflet de l’acceptation, ou au contraire

du rejet de certaines normes sociales. Dans le roman de Jane Austen Northanger Abbey,

le noir ou le blanc symbolisent les valeurs codifiées de l’auteur mais aussi celles de

la société de l’époque. Lorsque Roxana se met en tête de séduire son propriétaire,

elle porte une tenue blanche, gage de son rang social. Toutefois, la complémentarité

du costume et de la couleur ne représentent qu’une des multiples manières d’interroger

les rapports entre le corps et la couleur. Que ce soit dans les îles Britanniques ou

dans la jeune Amérique, la question raciale était omniprésente. Pour cette raison, le

colloque se veut ouvert à des réflexions interdisciplinaires sur les rapports entre

couleur et corps. En outre, on pourra s’intéresser aux croyances et superstitions

générées par les couleurs, aux découvertes scientifiques tout en prenant en compte les

classifications établies dans le sillage de Newton. Ce colloque international

ambitionne d’articuler des travaux issus de nombreux champs disciplinaires (études

culturelles, scientifiques, historiques, visuelles et littéraires) et encourage des

propositions dans ce sens-là.
Les axes possibles mais non limitatifs peuvent être :
· la couleur : matière et matérialité (l’origine des pigments, les liens avec

les techniques, les teintures, l’histoire des objets)
· la couleur comme manifestation d’échanges culturels (modes de production,

réseaux) en lien avec d’autres industries
· la couleur et les techniques d’impression (l’imprimé, le marché de l’estampe,

les procédés d’analyse chromatique)
· la couleur, les arts et les sciences (l’optique, les mathématiques, la

médecine, l’histoire naturelle)
· les tensions et oppositions liées à la couleur dans les discours

philosophiques, esthétiques (la perception de la profondeur, les principes hérités de

l’Age classique), politiques (identités nationales, pamphlets satiriques) et religieux
· la couleur et d’autres créations artistiques (fiction, théâtre, poésie,

musique)
· la couleur et le rapport au corps (théories raciales, corps idéal,

cosmétiques, genre)
Les propositions de communication en français ou en anglais (titre, résumé de 300 mots

environ et courte biographie) devront être envoyées pour le 30 juin 2017 à
Brigitte Friant-Kessler (Valenciennes) : brigitte.friant-kessler@univ-valenciennes.fr
et à la Secrétaire générale de la Société
Sophie Vasset (Paris Diderot) : sophie.vasset@univ-paris-diderot.fr
Les réponses aux propositions seront communiquées le 15 septembre 2017.

Select bibliography
Ball, Philip. « The Invention of Colour », Frédéric Ogée and Maurice Géracht (eds)

Definitions of Color/de la Couleur. Interfaces – image, texte,

langage – vol. 33, 2013. 1-32.
E-rea 2015. Sophie Chiari (ed.), « The Dyer’s Hand » : Colours in Early Modern

England, 12.2, 2015.
https://erea.revues.org/4197
Gage, John. Colour and Culture. Practice and Meaning from Antiquity to

Abstraction. London: Thames & Hudson, (1993), 2012.
Hannah Greig, Hannah. « Faction and Fashion : The Politics of Court Dress in

Eighteenth-Century England », Apparence(s) [Online], 6 | 2015.

http://apparences.revues.org/1311
Hayward, Maria. « Dressing Charles II : The King’s Clothing Choices (1660–85) »,

Apparence(s) [Online], 6 | 2015.
http://apparences.revues.org/1320
Hugues, Clair. Dressed in Fiction. New York: Berg Publishers, 2006.
Lichtenstein, Jacqueline. La couleur éloquente. Paris: Flammarion 1989.
Lichtenstein, Jacqueline. The Eloquence of Color: Rhetoric and Painting in the

French Classical Age. Berlekey: University of California Press, 1993.
Ogée, Frédéric and Maurice Géracht (eds) Definitions of Color/de la Couleur.

Interfaces – image, texte, langage – vol. 33, 2013.
Pastoureau Michel et Dominique Simonnet. Couleurs: le grand livre. Paris :

Panama , 2008.
Pastoureau, Michel. Green: The History of a Color. Trans. Jody Gladding.

Princeton and Oxford: Princeton University Press, 2014.
Pastoureau, Michel. Noir : histoire d’une couleur. Paris : Editions du Seuil,

2008.
Pastoureau, Michel. Red: The History of a Color. 2009. Princeton : Princeton

U Press, 2017.
Pigeaud, Jackie (dir.). La couleur, les couleurs : XIes Entretiens de La Garenne-

Lemot. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes,

2007. http://books.openedition.org/pur/29159

COLOUR IN THE ANGLOPHONE WORLD IN THE SEVENTEENTH AND EIGHTEENTH CENTURIES
Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles, Annual conference
(Paris 12-13 January 2018)

Keynote speaker : Professor Jacqueline Lichtenstein (Université Paris Sorbonne)
Call for papers
Colour can be examined and discussed from aesthetic, poetic, historic and scientific

perspectives. Since the language of colour — and its eloquence (to borrow the term

used by Jacqueline Lichtenstein) — evolved historically, participants are invited to

assess elements of philosophical, social and cultural changes in which the use of a

given colour or a combination of colours played an important part. Colour can thus be

explored from angles that underline not only its materiality but also the variety of

discourses surrounding it. The aim is to identify what economic, political and social

factors were at play in relation to colour from the seventeenth century up to the

early nineteenth century. By reflecting on broader questions raised by colour, this

conference seeks to evaluate the validity of epistemological and methodological

approaches to colour which can help towards a better understanding of key issues in

other areas.
In literature, many examples may be found in which a colour or several colours are

given an important role. What are the semantic, symbolic and aesthetic consequences of

references to colour in drama, fiction and poetry ? Which colours have been especially

significant for authors, readers and audiences? Beyond their individual symbolic

meanings, some colours are endowed with an empowering aura as demonstrated in the

recent disputes sparked by Anish Kapoor’s proprietorial decision not to share an

absolutely perfect black named Vantablack. Tristram Shandy’s most famous pages

equally exemplify a specific chromatic choice which in turn becomes a touchstone for a

new aesthetic idiom. Dressing one’s characters in certain colours — whether on stage,

on the page or on canvas — is both a visual and a narrative device. Exploring dress

history in the eighteenth century reminds us of an overt taste for bright colours for

both men and women. How do such trends develop over time ? Textile, leather and

porcelain were industries for which colour was central to commercial success, and long

before Yves Klein’s IKB, Josiah Wedgwood’s iconic pale blue had helped to build the

reputation of the Staffordshire company on a particular trademark hue.
In the English-speaking world, the long eighteenth century witnessed many technical

breakthroughs. Multiple-block colour printing techniques were explored in

seventeenth-century Chinese painting manuals which later resurfaced in Britain in the

eighteenth century. It would be of much interest to trace the circulation and

dissemination of such printed material. Colour and the rise of the print market were

intimately connected. Unsurprisingly hand-coloured prints were more expensive than

monochrome prints but the type of labour force related to this aspect of the print

market has not so far been given much critical attention. Cartographic, anatomical,

botanical and ornithological volumes were all lavishly illustrated and coloured. This

decorative form of art mostly relied on the printing technique à la poupée but it also

involved a degree of experimentation and collaborative work. What kind of division of

labour did such volumes represent ? And how did hand-colouring fare as opposed to

print colour or monochrome?
How did the senses interact with colour ? And what rationale was there behind the

reception and perception of colour (the influence of Goethe’s Treaty of Colours,

Waller, Newton’s circle, Thomas Young’s theory of RGB )? Jacqueline Lichtenstein

discusses de Piles and his analogy whereby « the painter must persuade (our) eyes just

as an eloquent man must touch our heart » (Lichtenstein 160). Colour not only conveys

a specific rhetorical mode but is both a signifier and a means of communication

underpinned by compliance with or deviance from social norms. By way of codification,

colour functions as « a part of a social system of signs » (Hugues 2006). In Austen’s

Northanger Abbey white or black clothes symbolise the codified values of the author

and her society. When Defoe’s Roxana conceives of a plan to seduce her landlord she

wears a white dress to signify gentility. However dress is but one way to examine

colour and the body. Whether in the British Isles or colonial America, debates

revolving around racial issues cannot be ignored. Therefore the conference organisers

also encourage submissions that engage with issues around skin-colour, issues which

may be informed by consideration of anatomical iconography as well as the production

of and trade in cosmetics.
Colour can prove an essential element in political, religious, philosophical and

medical discourses. What popular beliefs and superstitions were associated with a

given colour ? What arguments were put forward in favour of or in opposition to the

use of certain colours ? What names were given to colours during a given period and to

what extent did such naming reflect broader issues ? Theories revolving around the

colour spectrum emerged in the wake of Newton, but, as noted by Sophie Chiari, such

theories were part and parcel of larger issues in the seventeenth century. In France

Le Brun could claim that ‘pigment grinders would have the same rank as painters if

drawing did not differentiate them’. Philosophical debates about colour classification

and the relative merits of painting and drawing contribute towards defining a larger

epistemological frame that encompasses optics, natural sciences and medicine. Nowadays

spectrometry is used to analyse colours but is worth considering what instruments and

devices were used in the seventeenth and eighteenth centuries. And how do the

period’s conceptual frameworks of what colour was and meant resonate with our

contemporary perceptions ?
This international conference is designed to become an opportunity to explore fruitful

intersections and connections across disciplinary boundaries between literary and

cultural studies, art, history, philosophy, sociology, and chemistry — to name but

these. Scholars will convene and exchange on how colour was apprehended and perceived

in every corner of the English-speaking world from Early Modern times to the dawn of

the Victorian era.
Possible topics may include but are not limited to:
· colour and material culture (pigments, dyes, tinctures) as a mode of cultural

and commercial exchange
· the economic strategies of production networks (Garthwaite, Spitalfields) and

their impact on developments in other industries
· colour and the print market (issues specific to colour printing)
· the connections between art and science in relation to colour
· tensions and oppositions generated by colour in philosophy, aesthetics, optics,

mathematics, medicine, natural history
· colour and changes in the fine arts (use, production, opposition with drawing)
· colour in politics and religion (emblems, national identities, pamphlets,

liturgical dress, sermons)
· colour and literary production (drama, fiction, poetry)
· colour and music (in practice and in theory)
· colour and the body (racial issues, cosmetics, clothes)
· colour and gender

Proposals (around 300 words, with a short bio-bibliographical note) should be sent to

the organiser,
Dr Brigitte Friant-Kessler (Valenciennes) : Brigitte.Friant-Kessler@univ-

valenciennes.fr
And to the General Secretary of the Society :
Sophie Vasset (Paris Diderot) : sophie.vasset@univ-paris-diderot.fr
Deadline for proposals : 30 June 2017
Contributors selected by the organising scientific committee will be notified by 15

September 2017.

Select bibliography
Ball, Philip. « The Invention of Colour », Frédéric Ogée and Maurice Géracht (eds)

Definitions of Color/de la Couleur. Interfaces – image, texte, langage – vol.

33, 2013. 1-32.
E-rea 2015. Sophie Chiari (ed.), « The Dyer’s Hand » : Colours in Early Modern

England, 12.2, 2015.
https://erea.revues.org/4197
Gage, John. Colour and Culture. Practice and Meaning from Antiquity to

Abstraction. London: Thames & Hudson, (1993), 2012.
Hannah Greig, Hannah. « Faction and Fashion : The Politics of Court Dress in

Eighteenth-Century England », Apparence(s) [Online], 6 | 2015.

http://apparences.revues.org/1311
Hayward, Maria. « Dressing Charles II : The King’s Clothing Choices (1660–85) »,

Apparence(s) [Online], 6 | 2015.
http://apparences.revues.org/1320
Hugues, Clair. Dressed in Fiction. New York: Berg Publishers, 2006.
Lichtenstein, Jacqueline. La couleur éloquente. Paris: Flammarion 1989.
Lichtenstein, Jacqueline. The Eloquence of Color: Rhetoric and Painting in the

French Classical Age. Berlekey: University of California Press, 1993.
Ogée, Frédéric and Maurice Géracht (eds) Definitions of Color/de la Couleur.

Interfaces – image, texte, langage – vol. 33, 2013.
Pastoureau Michel et Dominique Simonnet. Couleurs: le grand livre. Paris :

Panama , 2008.
Pastoureau, Michel. Green: The History of a Color. Trans. Jody Gladding.

Princeton and Oxford: Princeton University Press, 2014.
Pastoureau, Michel. Noir : histoire d’une couleur. Paris : Editions du Seuil,

2008.
Pastoureau, Michel. Red: The History of a Color. 2009. Princeton : Princeton

U Press, 2017.
Pigeaud, Jackie (dir.). La couleur, les couleurs : XIes Entretiens de La Garenne-

Lemot. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes,

2007. http://books.openedition.org/pur/29159

Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe Siècles