Archives de catégorie : CFP

CFP : Objets de sociabilité en Grande-Bretagne et en Europe (1650-1850). Université de Lille, 23 novembre 2023.

Phillipe Mercier, the Sense of Sight, 1744-1747, Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection

Organisé par : Vanessa Alayrac-Fielding, Pierre Labrune

Cette journée d’étude, prévue le 23 novembre 2023, s’inscrit dans la continuité des travaux du GIS Sociabilités, Groupement d’Intérêt Scientifique consacré à l’étude des sociabilités européennes dans le long xviiie siècle, ainsi que dans les perspectives ouvertes par le renouveau des études sur la culture matérielle. Il s’agira d’interroger la place prise par les objets, qu’ils tiennent dans la main comme une tabatière ou qu’ils prennent plus de place comme une voiture, dans le développement de nouvelles formes de sociabilités, à une époque où la Grande-Bretagne s’affirme comme une puissance commerciale de premier rang et où les deux sens du mot « commerce » – à la fois marchand et relationnel – sont de plus en plus souvent associés.

En considérant « les objets […] dans des réseaux d’abstraction et de sensibilité essentiels à la compréhension des faits sociaux » (Roche, 1997, 10), il est possible de percevoir les ambivalences du long xviiie siècle, où les discours qui louent les vertus d’une sociabilité universelle cohabitent avec une marchandisation croissante du monde. La mondialisation des échanges et les constructions des empires européens donnent lieu à l’arrivée d’objets coloniaux ou extra-européens en Europe et en Grande-Bretagne, fabriqués à partir de matières naturelles ou animales (plumes, bois, minéraux, kaolin etc), amenant de nouvelles pratiques sociales, notamment la constitution et l’exposition de collections (Gerritsen and Riello 2015 ; Avery, Calaresu and Laven 2015) et modelant les goûts des consommateurs désireux de montrer à la fois leur curiosité pour des matières et des objets nouveaux et d’afficher leur statut social à travers une consommation matérielle ostentatoire. Ainsi Addison souligne-t-il, dans un essai du Spectator consacré à la description de la Bourse de Londres, qu’il faut le produit d’une centaine de climats pour habiller une seule femme de qualité. Au sein de la République des Lettres, les livres, envisagés ici en tant qu’objets et dans leur matérialité, ont également permis la constitution de réseaux intellectuels et la mise en œuvre de modes de sociabilité construits autour d’échanges bibliophiliques. Tout comme les récits, les objets contribuent à façonner « l’espace public sensible » (Lilti, 2019, 189), qui caractérise l’époque qui fera l’objet de cette manifestation. Il s’agira de les considérer, le cas échéant, dans leur capacité d’agir (« agency ») au sein des sphères publique et privée, de les structurer et de les transformer.

Dans cette perspective, il importe de mieux appréhender les mutations dans les processus même de fabrication des différents objets à l’époque qui voit la naissance d’une première société de consommation, notamment en Angleterre (McKendrick, Brewer and Plumb, 1982). L’étude du rôle des objets dans les sociabilités ne saurait ignorer les tensions entre les débuts, dans certains domaines, de la production de masse et, d’autre part, l’importance des productions uniques et artisanales pour mieux affirmer son goût et sa distinction.

La journée d’étude pourra donc porter sur des études de cas, où un objet particulier ou un type d’objet seront étudiés afin de montrer comment il importe de toujours prendre en considération les realia de la sociabilité, qui conditionnent et reconfigurent les relations et les réseaux.

Nous acceptons des propositions de chercheurs et de chercheuses issus de différents champs disciplinaires (histoire, histoire de l’art, sociologie, études anglophones, études culturelles, littérature …). Les propositions pourront porter – mais non exclusivement – sur les thématiques suivantes :

– Matérialité des correspondances dans le long xviiie siècle (papiers, encres, portages, etc.).

– Sociabilités et cadeaux.

– L’objet comme souvenir dans les réseaux de sociabilité.

– Distinction et massification de la consommation matérielle.

– Le rôle des objets impériaux dans les sociabilités.

– Le rôle d’objets spécifiques dans les lieux de sociabilité (éventails, pipes, tasses, etc.).

Les propositions de communication, en anglais ou en français, d’une longueur de 300 mots maximum et accompagnées d’une courte bio-bibliographie sont à envoyer d’ici le 25 octobre 2023 aux adresses suivantes : vanessa.alayrac-fielding@univ-lille.fr, pierre.labrune@univ-lille.fr.

Les avis sur les propositions seront rendus au 31 d’octobre.

Bibliographie :

Addison, Joseph, and Steele Richard, The Spectator, ed. Donald F. Bond, Oxford: Clarendon Press, 1965, 5 vol.

Appadurai, Arjun, (ed.), The Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge: Cambridge University Press, 1986.

Avery, Victoria, Calaresu, Melissa, and Laven, Mary, (eds.), Treasured Possessions: from Renaissance to Enlightenment, London; Philip Wilson Publishers, 2015.

Brewer, John, and Porter, Roy, (eds.), Consumption and the World of Goods, London: Routledge, 1993.

Downes, Stephanie, Holloway Sally and Randle Sarah (eds.), Feeling Things: Objects and Emotions through History, Oxford: Oxford University Press, 2018.

Festa, Lynn, Fiction without Humanity. Person, Animal, Thing in Early Enlightenment Literature and Culture. Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2019.

Findlen, Paula (ed.), Early Modern Things: Objects and their Histories, 1500-1800, New York: Routledge, 2013.

Gerritsen, Anne, and Riello, Giorgio, (eds.), The Global Lives of Things: The Material Culture of Connections in the Early Modern World, London: Routledge, 2015.

Lilti, Antoine, L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité. Paris : EHESS, Gallimard, Seuil, 2019.

McKendrick, Neil, Brewer, John, and Plumb, J. H., The Birth of a Consumer Society: The Commercialization of 18th-Century England, Bloomington: Indiana University Press, 1982.

Roche, Daniel, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation dans les sociétés traditionnelles (xviie-xixe siècles), Paris : Fayard, 1997.

*****************************************************************

CFP: Sociable objects in Britain and Europe (1650-1850). Université de Lille, 23rd November 2023.

Organized by: Vanessa Alayrac-Fielding, Pierre Labrune

This one-day conference aims at continuing the work done by the “GIS Sociability” – a group of researchers studying European sociabilities in the long eighteenth century – and at exploring perspectives opened by the renewal of the field of material culture studies. It will focus on the role played by objects – whether they be as small as snuffboxes or as large as carriages – in the development of new forms of sociability in an age when Britain became a leading commercial power and when the two meanings of the word “commerce” – relating both to business and to social interactions – were often associated.

Considering “objects […] in the abstract and sensible networks that are essential to understand social facts” (Roche, 1997, 10) allows one to perceive the ambivalences of the long eighteenth century, in which discourses in praise of universal sociability cohabited with a growing commodification of the world. Increasing global exchanges and the construction of European empires led to the arrival and discovery of colonial and extra-European objects in Europe and Britain, made with natural materials or with animal products (feathers, tortoiseshell, wood, minerals, kaolin etc), which fostered new social interactions, such as the practice of collecting and displaying one’s collection (Gerritsen and Riello 2015 ; Avery, Calaresu and Laven 2015), and shaped the tastes of consumers eager to show their curiosity for new things and/or materials and their social status through conspicuous material consumption. As Addison wrote in an essay describing the Royal Exchange in The Spectator: “The single Dress of a Woman of Quality is often the Product of a hundred Climates.” In the Republic of Letters, books, to be considered here as objects and in relation to their materiality, allowed for the creation of intellectual networks and the development of sociabilities built upon bibliophilic exchanges. Objects, alongside narratives, participated in the creation of the “sensible public sphere” (Lilti, 2019, 189) that characterized the eighteenth century. In this context, it seems particularly relevant to pay attention to the agency of objects, their ability to shape and transform the private and public spheres and take part in social interactions.

That is why the transformations of the very fabrication processes of different objects should be better analysed, as it was in that time that a consumer society was born, especially in England (McKendrick, Brewer and Plumb, 1982). To study the role of objects in sociabilities, one should not disregard the tensions between, on the one hand, the budding mass producing of certain objects, and, on the other hand, the importance of unique productions showing great craftsmanship that were means to affirm one’s taste and distinction.

Papers submitted for the conference might be case studies in which a particular object or type of object could be studied to show that the realia of sociability should always be taken into account as they condition and redefine relationships and networks.

We will accept proposals from researchers working in many disciplines (history, art history, sociology, anglophone studies, cultural studies, literature…) Papers may address – though not exclusively – the following topics:

– The materiality of correspondences in the long eighteenth century (papers, inks, post systems…)

– Sociability and gifts

– Objects as souvenirs in sociability networks.

– Distinction and massification of material consumption.

– The place of imperial objects in sociabilities.

– The role of specific objects (fans, pipes, cups and mugs, etc.) in places of sociability.

Abstracts (300 words max.), either in English or in French, should be sent alongside a short bio-bibliography to the organisers by 25th October 2023: vanessa.alayrac-fielding@univ-lille.fr, pierre.labrune@univ-lille.fr. Notifications of acceptance will be sent on 31st October.

Bibliography:

Addison, Joseph, and Steele Richard, The Spectator, ed. Donald F. Bond, Oxford: Clarendon Press, 1965, 5 vol.

Appadurai, Arjun, (ed.), The Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge: Cambridge University Press, 1986.

Avery, Victoria, Calaresu, Melissa, and Laven, Mary, (eds.), Treasured Possessions: from Renaissance to Enlightenment, London; Philip Wilson Publishers, 2015.

Brewer, John, and Porter, Roy, (eds.), Consumption and the World of Goods, London: Routledge, 1993.

Downes, Stephanie, Holloway Sally and Randle Sarah (eds.), Feeling Things: Objects and Emotions through History, Oxford: Oxford University Press, 2018.

Festa, Lynn, Fiction without Humanity. Person, Animal, Thing in Early Enlightenment Literature and Culture. Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2019.

Findlen, Paula (ed.), Early Modern Things: Objects and their Histories, 1500-1800, New York: Routledge, 2013.

Gerritsen, Anne, and Riello, Giorgio, (eds.), The Global Lives of Things: The Material Culture of Connections in the Early Modern World, London: Routledge, 2015.

Lilti, Antoine, L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité. Paris : EHESS, Gallimard, Seuil, 2019.

McKendrick, Neil, Brewer, John, and Plumb, J. H., The Birth of a Consumer Society: The Commercialization of 18th-Century England, Bloomington: Indiana University Press, 1982.

Roche, Daniel, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation dans les sociétés traditionnelles (xviie-xixe siècles), Paris : Fayard, 1997.

CFP. Consentir, Refuser, Céder : Spectres de la Conquête à la Restauration (1660-1714). Montpellier, 14 juin 2024.

Une version pdf de cet appel est disponible ici.

Colloque co-organisé IRCL (Université Paul-Valéry Montpellier 3) – LARCA (Université Paris Cité)
Sous l’égide de la Société d’Études Anglo-Américaines des XVII
e et XVIIIe siècles (SEAA 17-18)
Date du colloque :
14 juin 2024
Lieu : Université Paul-Valéry Montpellier 3, salle des colloques 2, Site Saint Charles 1, Montpellier, France

« Because a blessing waits upon Obedience : / You might command me ‘gainst my Inclination, / But I am bless’d with such indifference, / That ’tis no trial of my Duty, Sir, / To give my free consent » déclare Emilia dans The Surprisal de Sir Robert Howard (1662). En annonçant consentir à la fois “librement” et par “devoir” à se soumettre à la volonté de son père, Emilia met en lumière une partie des tensions qui habitent la notion de consentir. Le consentement peut-il être donné librement s’il est réclamé par l’autorité du père ? Emilia consent-elle à la volonté de son père ou aux conséquences positives de l’obéissance filiale ? Et, dans le contexte de la Restauration, quelle place donner à une héroïne dramatique qui tiendrait tête à son père et refuserait de donner son consentement ?

Le consentement et le refus supposent tous les deux une agentivité, une autonomie, voire une liberté du sujet, tout en étant par définition des actions secondes, situées dans une perspective de réaction. Notion ambivalente, le consentement permet de légitimer un acte ou, par son absence, de le constituer potentiellement en crime. Consentir, refuser et céder sont des notions aux définitions distinctes, mais dont les expressions sont pourtant toujours susceptibles d’être confondues. Le consentement peut être de pure forme, voire contraint par les circonstances. Il peut évoluer, de l’adhésion au refus, et éventuellement à la rébellion, ou l’inverse. Le consentement peut être accordé à un moment donné, par un geste performatif comme la signature d’un contrat ou l’accord verbal, mais il peut également être tacite, considéré comme acquis tant qu’il n’est pas explicitement refusé. Ainsi s’articulent les paradoxes du consentement et du refus, actes à la fois personnels et relationnels, notions intimes d’affirmation d’une volonté propre, jamais détachées pourtant des rapports de pouvoir et de domination dans lesquels elles s’inscrivent.

Notre réflexion propose de se concentrer sur les îles britanniques et leurs colonies pendant le second dix-septième siècle. Des décentrements par l’analyse des îles britanniques vues d’ailleurs, en particulier de l’Europe, ou par des exemples étrangers qui viendraient en contrepoint des exemples britanniques, seront également les bienvenus. Héritière de deux décennies de débats fébriles et controverses quant aux notions d’allégeance et de légitimité, de pouvoir de droit et de pouvoir de fait, la période dite de la Restauration, de 1660 à la fin du règne d’Anne en 1714, est émaillée de bouleversements sociaux, religieux et politiques. Parmi ceux-ci figurent la restauration de la monarchie et de l’Eglise anglicane, la Crise d’Exclusion et la Glorieuse Révolution, qui peuvent être analysées comme autant de « crises du consentement ». Elles incluent des débats politiques et philosophiques sur la légitimité de la monarchie restaurée, modèle remis en question au fil des règnes de Charles II et Jacques II, puis rejeté à travers une révolution qui peut être lue comme une invasion étrangère paradoxalement consentie.

La sphère politique est loin d’être la seule à cristalliser des enjeux de consentement à la Restauration. La condition des non-conformistes et des dissidents, pris entre le conformisme imposé par le pouvoir et leurs convictions intimes, pose la question des différentes stratégies mises en place pour vivre une religion qui n’est pas la religion d’État. Entre refus net de se conformer, conversion et conformisme prétendu, la question religieuse articule différents modes et expressions de consentement et de refus qui interrogent les notions de tolérance et de liberté de conscience.

Les relations de genre voient également de nombreuses évolutions, les conditions du mariage et de la sexualité étant questionnées, notamment dans les arts. Le théâtre en particulier voit à la fois l’avènement des premières actrices et dramaturges professionnelles et l’apparition du rake sur la scène de la Restauration. Figure de séduction prédatrice, ce personnage devient par la suite un archétype culturel, dont la résonance dans la société du dix-septième siècle entraînera également sa remise en question par les générations d’auteurs suivantes.

Ce colloque propose de mettre en dialogue des perspectives littéraires, culturelles, historiques, philosophiques, médicales, juridiques et artistiques pour analyser et historiciser les mécanismes qui structurent les notions de consentir, refuser et céder et étudier leurs évolutions au fil de la période. Ce colloque a pour but à la fois d’analyser l’expression particulière de ces notions à la période de la Restauration, et de voir comment elles permettent de penser cette période. Enfin, ce projet vise à fonder un groupe d’étude interdisciplinaire sur la Restauration.

En plus des pistes déjà évoquées, les propositions pourront s’intéresser aux questions suivantes (liste non-exhaustive) :

  • Métaphores du consentement et glissements métaphoriques qui permettent l’intersection de différents types de consentements (politique et sexuel notamment)
  • Théories du contrat social et leur utilisation à la Restauration pour légitimer ou non un système / ordre politique
  • Conséquences des actes de consentir, céder et refuser, ou de voir son consentement bafoué : notions de mémoire, de déni et de traumatisme
  • Signes du consentement et du refus et leur interprétation dans les arts et les textes juridiques et médicaux
  • Tensions génériques autour des notions de consentir, refuser et céder dans les arts (comique / tragique / tragicomique etc.)

Les propositions de communications (300-500 mots), accompagnées de bio-bibliographies sont à envoyer avant le 30 septembre 2023 à l’adresse : consentir.restauration@gmail.com

Comité scientifique : 

Prof. Florence MARCH, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Prof. Frédéric OGÉE, LARCA, Université Paris Cité
Prof. Andrew HISCOCK, Bangor University
Prof. Luc BOROT, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Dr Clara MANCO, LARCA, Université Paris Cité
Alice MARION-FERRAND, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3
Sara LEUNER, LARCA, Université Paris Cité


Éléments bibliographiques : 

BOWERS Toni, Force or Fraud; British seduction stories and the Problem of Resistance 1660-1760, Oxford, Oxford University Press, 2011.

CHAKRAVARTHY Urvashi, Fictions of Consent: Slavery, Servitude, and Free Service in Early Modern England,Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2022.

CHUA Brandon, Ravishment of Reason: Governance and the Heroic Idioms of the Late Stuart Stage, 1660-1690, Cranbury, Rowman & Littlefield, 2014.

GARCIA Manon, MAZALEIGUE-LABASTE Julie et MORNINGTON Alicia-Dorothy dir., Envers et revers du consentement, Paris, Mare & Martin, 2023.

HOLMES WILLIAMSON Margaret, Powhatan Lords of Life and Death: Command and Consent in Seventeenth-Century Virginia, Lincoln, University of Nebraska Press, 2003.

KAHN Victoria, Wayward Contracts: The Crisis of Political Obligation in England 1640-1674, Princeton, Princeton University Press, 2004.

LEMMINGS David, Law and Government in England during the Long Eighteenth Century: from Consent to Command, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2015.

MARSDEN Jean I., “Rape, Voyeurism, and the Restoration Stage”, dans Katherine M. QUINSEY dir., Broken Boundaries: Women and Feminism in Restoration Drama, Lexington, University Press of Kentucky, 1996.

REID Jasper William, ‘The Common Consent Argument from Herbert to Hume’, Journal of the History of Philosophy, 53.3, 2015, pp. 401–33.

RUDOLPH Julia, “Rape and Resistance: Women and Consent in Seventeenth-Century English Legal and Political Thought,” Journal of British Studies, 39.2, 2000, pp.157–84.
TAMAS Jennifer, Au Non des femmes, Paris, Seuil, 2023.

VIALA Alain, La France galante : Essai historique sur une catégorie culturelle, de ses origines jusqu’à la Révolution, Paris, Presses Universitaires de France, 2008.

WALKER Garthine, “Rape, Acquittal and Culpability in Popular Crime Reports in England, c.1670–c.1750”, Past & Present, 220.1, 2013, pp. 115–142.

Call for Papers


Consent, Refuse, Surrender

Shadows of Conquest during the English Restoration 

1660-1714


Joint conference IRCL (Université Paul-Valéry Montpellier 3) – LARCA (Université Paris Cité)
Conference date:
14th June 2024

Location: Université Paul-Valéry Montpellier 3, salle des colloques 2, Site Saint Charles 1, Montpellier, France

“Because a blessing waits upon Obedience: / You might command me ‘gainst my Inclination, / But I am bless’d with such indifference, / That ‘tis no trial of my Duty, Sir, / To give my free consent” declares Emilia in Sir Robert Howard’s 1662 The Surprisal. By claiming that she consents both “free[ly]” and [out of] duty” to submit herself to her father’s will, Emilia sheds light on some of the tensions inherent in the act of consenting. Can consent be given freely if it is insisted upon? Does Emilia consent to her father’s will or to the obligations of filial obedience? Moreover, in the context of the English Restoration, what might be the significance of representing resistance or refusal on the public stage? 

Consent and refusal both suggest the agency, autonomy, even freedom of the individual, while being by definition responses, therefore secondary actions. Consent is an ambivalent notion that can legitimise an act or – through its absence – potentially render it criminal. Consent, refusal, and surrender all have distinct definitions, nevertheless their expressions are always in danger of being mistaken for each other. Consent can range from a freely given act to one that is purely perfunctory, or even forced by circumstances. It can evolve, from acceptance to refusal, perhaps even to rebellion, or any combination of these meanings. Consent can be granted at a given moment, through a performative gesture such as the ratifying of a contract or verbal agreement, but it can also be tacitly granted, or considered as such as long as it is not explicitly denied. Such are the paradoxes that structure the concepts of consenting and refusing: both personal and relational actions, intimate affirmations of individual will, yet never separated from the power dynamics that frame them.

The focus of this conference is on the British Isles and their colonies during the second half of the seventeenth century. Nonetheless, broader, European perspectives are equally welcome, ranging from perceptions of the British Isles from abroad to comparative studies involving Restoration culture. 

Building on two decades of debates and controversies around the notions of legitimate and illegitimate authority, of de jure versus de facto power, the period known as the English Restoration, from 1660 to the end of Anne’s reign in 1714, is permeated with social, religious, and political upheavals. Amongst those are the restoration of the monarchy and of the Anglican Church, the Exclusion Crisis and the Glorious Revolution, which can all be interpreted as ’crises of consent’. They encompass political and philosophical debates regarding the legitimacy of the restored monarchy, a model questioned throughout the reigns of Charles II and James II, then rejected through what can be read as assent (paradoxically) to a foreign invasion from the Low Countries.

The political sphere is far from being the only one to crystallise the tensions surrounding consent during the Restoration. The condition of Nonconformists and Dissidents -caught between a conformity imposed from above and the commitment of their own private beliefs -raises the issue of the various strategies adopted to practise a religion other than that supported by the Anglican Church. Between point blank refusal to conform, affected conversion and conformity, the religious issue articulates different modes and expressions of consent and refusal that question the notions of tolerance and freedom of conscience. 

Gender relations also remain a heated source of debate in this period, the issues of marriage and sexuality being intensely discussed, notably through the arts. Theatre in particular sees both the introduction of the first actresses and professional female playwrights, and the development of the rakeon the Restoration stage, figure of predatory seduction that later becomes a contested cultural archetype, testament to its relevance in seventeenth century society.

This conference opens a conversation between literary, cultural, historical, philosophical, legal, medical, and artistic perspectives to analyse and historicise the mechanisms that structure the notions of consent, refusal and surrender, and to study their evolutions across the breadth of the period. The goal of this conference is both to analyse the specific expression of these notions during the Restoration period, and to see how they enable us to rethink it. Finally, this project is launched with the aim of establishing an interdisciplinary research group on the Restoration.

In addition to the emphases already mentioned, proposals can address but are not limited to the following issues:

  • Metaphors for consent and metaphoric shifts in meaning enabling the intersection of different types of consent (political and sexual in particular) 
  • Social contract theories and their uses during the Restoration to (de)legitimise a system/political order
  • Consequences of consenting, refusing and surrendering, or of seeing one’s consent violated: notions of memory, denial and trauma
  • Signs of consent and refusal, and their interpretation in the arts and medical or legal texts
  • Generic tensions around the notions of consent, refusal and surrender in the arts (comedy/tragedy/tragicomedy ect.)

Please send abstracts (300-500 words) along with biographies and bibliographies to the following before 30th September 2023: consentir.restauration@gmail.com

Scientific committee:

Prof. Florence MARCH, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Prof. Frédéric OGÉE, LARCA, Université Paris Cité

Prof. Andrew HISCOCK, Bangor University-CNRS

Prof. Luc BOROT, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Dr Clara MANCO, LARCA, Université Paris Cité 

Alice MARION-FERRAND, IRCL, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Sara LEUNER, LARCA, Université Paris Cité

Indicative bibliography:

BOWERS Toni, Force or Fraud; British seduction stories and the Problem of Resistance 1660-1760, Oxford, Oxford University Press, 2011.

CHAKRAVARTHY Urvashi, Fictions of Consent: Slavery, Servitude, and Free Service in Early Modern England,Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2022.

CHUA Brandon, Ravishment of Reason: Governance and the Heroic Idioms of the Late Stuart Stage, 1660-1690, Cranbury, Rowman & Littlefield, 2014.

GARCIA Manon, MAZALEIGUE-LABASTE Julie and MORNINGTON Alicia-Dorothy eds., Envers et revers du consentement, Paris, Mare & Martin, 2023.

HOLMES WILLIAMSON Margaret, Powhatan Lords of Life and Death: Command and Consent in Seventeenth-Century Virginia, Lincoln, University of Nebraska Press, 2003.

KAHN Victoria, Wayward Contracts: the Crisis of Political Obligation in England 1640-1674, Princeton, Princeton University Press, 2004.

LEMMINGS David, Law and Government in England during the Long Eighteenth Century: from Consent to Command, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2015.

MARSDEN Jean I., “Rape, Voyeurism, and the Restoration Stage”, in Katherine M. QUINSEY ed., Broken Boundaries: Women and Feminism in Restoration Drama, Lexington, University Press of Kentucky, 1996.

REID Jasper William, ‘The Common Consent Argument from Herbert to Hume’, Journal of the History of Philosophy, 53.3, 2015, pp. 401–33.

RUDOLPH Julia, “Rape and Resistance: Women and Consent in Seventeenth-Century English Legal and Political Thought,” Journal of British Studies, 39.2, 2000, pp.157–84.
TAMAS Jennifer, Au Non des femmes, Paris, Seuil, 2023.

VIALA Alain, La France galante : Essai historique sur une catégorie culturelle, de ses origines jusqu’à la Révolution, Paris, Presses Universitaires de France, 2008.

WALKER Garthine, “Rape, Acquittal and Culpability in Popular Crime Reports in England, c.1670–c.1750”, Past & Present, 220.1, 2013, pp. 115–142.

Appel à communications : Congrès de la SIEDS, Rome (3-7 juillet 2023). L’Antiquité et la construction de l’avenir à l’âge des Lumières

Atelier SEAA XVII-XVIII : Mythes et vision dans la sphère anglo-américaine durant le long XVIIIe siècle

Une version pdf de l’appel à communications est disponible ici.

Présentés traditionnellement comme des récits décrivant des genèses ou des fondations, les mythes sont intimement mêlés à la vision. Par les récits, les représentations dans les arts, mais aussi par les réinterprétations multiples et continuelles dont ils font l’objet, ils donnent en effet à voir des conceptions de l’humanité, de régimes politiques ou religieux, et révèlent des projets que l’on peut parfois qualifier de visionnaires.

Le lien entre mythe et vision est particulièrement intime dans la Grande-Bretagne du long XVIIIe siècle, à une époque où les nouvelles sciences expérimentales et le développement des techniques affinent, notamment grâce à Leeuwenhoek et Newton, le champ des connaissances sur la vision qui suscitent l’enthousiasme des élites pétries de culture antique. Voir, observer, regarder, découvrir, sont depuis la fondation de la Royal Society des activités qui aiguisent l’imagination et poussent à réfléchir sur les commencements, à confronter observation et discours sur les origines. Ils incitent à s’interroger sur les conséquences de l’imaginaire, du fantastique, voire à réinterpréter ou réécrire les mythes dans le nouveau langage visuel. Les révolutions britanniques et américaines des XVIIe et XVIIIe siècle ainsi que les changements dynastiques du XVIIIe siècle ont de surcroît constitué un terreau fertile à une interrogation, par le détour des mythes antiques, sur les origines nationales. Ils ont favorisé l’élaboration ou la critique de nouvelles projections idéologiques, sociales et politiques.

Du genre de l’utopie aux fabriques pittoresques des parcs anglais du XVIIIe siècle, en passant par les visions rêvées des essais périodiques, et par les représentations artistiques, –sculptures, fresques, peinture d’histoire, pièces de théâtre, médailles et pièces de monnaie – la période moderne explore et utilise de manière multiple et variée les relations entre imagination, vision et mythes antiques. C’est cette interaction et cette instrumentalisation que nous nous proposons de comprendre.

Voici quelques pistes non exhaustives d’exploration :

– les mythes antiques (romains, grecs, mais aussi égyptiens ou babyloniens) renvoient ils aux mêmes types de représentation visuelle et idéologique ?

– l’impact des sciences de la vision sur l’écriture et l’interprétation des mythes : ex : – les mythes antiques et la couleur ; l’optique et les mythes antiques.

– quels mythes ont fait l’objet de réécritures visuelles et pourquoi ? à quelles fins ? (fondation de Rome, enlèvement des Sabines).

– l’exploration de genres qui ont exploité les mythes antiques (le travesti, l’utopie, la vision rêvée, la tragédie, l’essai, l’histoire).

– les procédés d’écriture visuelle et leurs liens avec les mythes (l’allégorie, la métaphore, l’ekphrase).

– les mises en scène des mythes antiques.

– visualiser les mythes par la culture matérielle : ex : les mythes antiques et la/les mode (s).

– mobilisation des mythes antiques pour penser un ordre social autre, pour forger une identité nationale en devenir

– le lien entre regard et mythe : la place du spectateur face aux mythes antiques

– mythes, pédagogie et éducation

– mythes, satire, caricature

– mythes, vision et vulgarisation

– exploitation visionnaire des mythes

– mythes et vision politique

– mythes antiques et musées : exposition des mythes au XVIIIe siècle

– classes sociales et mythes antiques

– représentations genrées des mythes antiques

Les propositions de communication d’une longueur de 300 mots maximum sont à envoyer assorties d’une courte bio-bibliographie à claire.boulard[at]sorbonne-nouvelle.fr et à myriam-isabelle.ducrocq[at]parisnanterre.fr avant le 1er septembre 2022.

CFP Journées Doctorant.e.s et Jeunes Chercheur.euse.s 2022

L’appel à communications pour les Journées doctorant.e.s et jeunes chercheur.euse.s de la société, qui ont pour thème cette année “Former, éduquer, instruire en France, dans les îles britanniques et en Amérique aux XVIIe et XVIIIe siècles” est désormais disponible.

Les journées auront lieu à Brest les 23 et 24 septembre 2022 et l’appel à communications se termine le 15 mai 2022.

L’appel à communications est disponible ici.

CFP: Séminaire international des jeunes dix-huitièmistes 25-30 Septembre 2022 au château Seggau/ Leibnitz (Autriche) – SIEDS

Une version pdf de l’appel à communications est accessible ici.

La Société Internationale d’Etudes du Dix-Huitième Siècle (SIEDS) est heureuse d’annoncer la tenue en 2022 du prochain séminaire international des jeunes dix-huitièmistes. Ceux-ci travaillant dans les différents domaines de la recherche sur le XVIIIe siècle sont invités à participer à ce séminaire qui durera quatre jours. En 2022, cet événement se tiendra aux environs de Graz, au château Seggau (Autriche), et sera organisé par la Société d’Etude du Dix-Huitième Siècle dans le Sud-Est de l’Europe (SOG18) qui a son siège à l’université de Graz. Il est à noter que Graz, la capitale de la Styrie, fut le siège du XIIIe congrès de la SIEDS en 2011.
Le Séminaire international des Jeunes Dix-Huitièmistes se déroulera du dimanche 25 septembre au vendredi 30 septembre 2022 sous la direction de Christophe Gnant (Université de Vienne/Autriche), Harald Heppner (Université de Graz, Autriche), Olga Katsiardi-Hering (Université d’Athènes, Grèce), Ivan Părvev (Université de Sofia/Bulgarie) et Stéfanie Stockhorst (Université de Potsdam, Allemagne).
« Périodes de guerre au 18e siècle
Perceptions et mémoires »
Parlant du 18e siècle il s’agit d’une période riche en guerre et conflit en Europe comme sur les autres continents. Les gens de plusieurs générations, par conséquence, étaient directement ou indirectement impliqués aux campagnes, aux batailles et au logistique militaire dans les zones terrestres et maritimes respectivement affectés par des maladies et pestes ou des dommages de guerre et d’une quelconque façon étaient marqués par les expériences traumatisantes de la guerre aussi à l’âme (au sens de l’état émotionnel) comme à la tête (au sens de l’ensemble des facultés mentales). Les aspects centraux des domaines thématiques sont les suivants:

− le rôle de la période de guerre dans la perception contemporaine
− la diversité des souvenirs de la période de guerre (par des soldats, des politiciens, le clergé, des intermédiaires comme par ex. des fournisseurs et financiers qui agissent entre la population civile et les chefs militaires etc.)
− les empreintes diverses de la période de guerre (comme par ex. des lettres, des documents, des mémoires, des journaux, des chansons, des monuments, de la culture visuelle au sens large)
− la réflexion intellectuelle sur la guerre et la violence militaire à l’âge des Lumières
− les similitudes et dissimilitudes sur les divers théâtres de la guerre (l’Europe de l’Ouest, l’Europe de l’Est, autres continents, des aspects terrestres et maritimes).
Le séminaire est limité à 15 participants. Les propositions devront se fonder sur un projet de recherche original (par ex. une thèse de doctorat) qui abordera l’un des aspects indiqués ci-dessus. Comme il s’agit d’un séminaire plutôt qu’un congrès ou conférence, chaque participant disposera près d’une heure pour présenter ses recherches. La préférence sera accordée aux chercheurs au début de leurs carrières (à l’issue de leur doctorat; PhD ou équivalent soutenus moins de 6 ans avant de l’acte de candidature, y compris ECR). Les langues utilisées dans le cadre du séminaire sont anglais et français. Les traductions de résumés et des divers documents de travail pas disponible en

anglais seront à la disposition des participants.
Les frais de séjour (du dimanche soir au samedi matin) aussi bien que les déjeuners et les dîners seront pris complétement en charge des organisateurs qui s’occuperont de la réservation des chambres au Centre de Congrès au château Seggau. Les participants devront prendre en charge leurs frais de voyage mais les organisateurs seront heureux de les conseiller sur la meilleure façon de se rendre de Graz aéroport international ou Graz gare centrale au château Seggau.
Les dossiers de candidatures devront comporter les informations suivantes: un bref CV comprenant la date de la soutenance de thèse, PhD ou équivalent; une liste des publications principales et présentations scientifiques ; une brève description de la communication prévue (1000 mots au maximum). La description doit révéler comment le projet du candidat/de la candidate correspond au thème du séminaire, et comment il ferait s’intégrer dans des travaux personnels de recherche plus larges. Les dossiers de candidature seront jugés sur les critères suivants en ce qui concerne
− la pertinence du projet de recherche en relation avec le thème du séminaire
− la rigueur, la valeur et l’originalité du projet
− l’équilibre entre les pays et les disciplines représentés au séminaire.
Les candidats sont invités à soumettre leur proposition avant le 31 janvier 2022. Ils sont priés d’envoyer leur dossier de candidature par courriel au sog18@uni-graz.at. Nous essayerons de prévenir tous nos correspondants du résultat de leur candidature avant le 28 février 2022.

CFP: La guérison dans la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Amérique de la Première Modernité (XVIe-XVIIIe siècles)

Appel à communications

La guérison dans la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Amérique de la première modernité (XVIe-XVIIIe siècles)

Colloque conjoint de la Société française Shakespeare (SFS) et la Société d’études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles (SEAA1718) organisé avec l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186)

20-22 octobre 2022 – Montpellier, France

Tout au long de la première modernité, la peur des épidémies et de la contagion façonne les quotidiens, réorganise les espaces, a des effets sur les corps individuels et collectifs ainsi que sur les imaginaires, avec des répercussions économiques, politiques, sociétales, médicales et culturelles, que les chercheurs se sont attachés à disséquer bien avant la pandémie de la Covid-19. La guérison, quant à elle, était une aspiration, un but que les savants et penseurs, laïcs ou confessionnels, les médecins, les guérisseurs (souvent des guérisseuses) des foyers et des paroisses recherchaient dans la foi, les savoirs ancestraux, antiques ou orientaux, les techniques et les connaissances scientifiques émergentes. Si la maladie et la souffrance se faisaient connaître par des manifestations très concrètes, la guérison était souvent plus incertaine. Dans le cadre d’une analyse historique ou littéraire, elle peut s’envisager sous l’angle de l’expérience, du point de vue des patients et des praticiens engagés dans des processus de rétablissement physique, moral ou spirituel. Elle peut également se concevoir comme un horizon d’attente et constituer, dès lors un concept opératoire permettant d’interroger les aspirations d’une société donnée et des individus qui la composent.

Ce colloque de la Société française Shakespeare (SFS) et de la Société d’études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles (SEAA1718) vise une exploration interdisciplinaire de la guérison sous ses multiples facettes dans la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Amérique des XVIe-XVIIIe siècles. L’enquête portera sur la guérison dans la diversité et la complexité de ses manifestations : rétablissement physique ou moral, projection eschatologique, remise en ordre du corps politique ou social. Elle s’intéressera aux pratiques, à l’expérience des acteurs impliqués dans les processus de guérison, ainsi qu’à la multiplicité des représentations et discours contribuant à l’élaboration, parfois conflictuelle, de la notion de guérison.

La langue anglaise de la première modernité a recours aux mots « cure » et « heal ». Ces deux verbes composent un vaste réseau de connotations qui épousent des contours mouvants au fil des trois siècles qui nous intéressent. Le rapport complexe à la guérison se retrouve dans « care », qui conjugue des connotations de détresse et de sollicitude. Jusqu’au milieu du XVIe siècle, « health » est utilisé comme synonyme de « healing » et de « cure » (OED 3), mais pendant toute la première modernité, il renvoie aussi au salut. Il prend un sens plus administratif avec les « health officers » britanniques et américains des XVIIe et XVIIIe siècles, qui participent à l’organisation de ce qui deviendra le « health care » au XXe siècle.

Les termes « cure » et « healing » traversent l’œuvre de Shakespeare et de ses contemporains pour exprimer une aspiration démultipliée à la santé (« health »), autant des individus que des groupes (« commonwealths ») face à la maladie (« disease ») qui les envahit, les ronge, les décompose et les démembre. Se penchant sur la guérison du mal d’amour, la poésie de la Renaissance explore le pouvoir thérapeutique des textes. L’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, ouvrage publié en 1621, réimprimé tout au long du XVIIe siècle et encore cité au XVIIIe siècle, présente toute une panoplie de remèdes et de techniques de guérison, mais interroge également les limites éthiques de l’intervention thérapeutique. Sur les deux rives de l’Atlantique, le clergé s’efforce d’accompagner les fidèles qui, toutes confessions confondues, s’inquiètent de leur salut et traversent pour certains de profondes crises de désespoir. La foi, la sphère intime offrent des espaces de réconfort, de compassion et de consolation, des qualités réparatrices permettant de faire face à la contagion et au risque de démembrement du tissu politique et social.

Mais la crainte, la défiance face aux remèdes et à ceux qui les emploient, sont le pendant de cette aspiration à la panacée, vocable qui fait son entrée dans la langue au XVIe siècle. La femme dont la main guérit (« healing hand ») est tour à tour vertueuse et sorcière, célébrée et condamnée. Comme en témoigne l’expression « physic of State », le vocabulaire thérapeutique irrigue également le discours politique. Des appels à guérir le corps national entendent répondre aux dissensions religieuses et politiques, perçues comme des forces perturbatrices menaçant l’harmonie sociale et l’idéal de bon voisinage (« neighbourliness ») qui la fonde. En particulier, les révolutions anglaises et la guerre d’indépendance américaine font naître des aspirations à la paix et à la réconciliation. Mais la colonisation et l’expansion rapide d’une économie basée sur l’esclavage mettent à mal les notions d’harmonie sociale, que reprendront les philosophes des Lumières dans leurs travaux sur le contrat social et l’émancipation.

De la sphère de l’intime au corps de la nation, des égo-documents aux traités politiques et médicaux, du sonnet à l’éloquence de la chaire, des pharmacopées populaires aux techniques médicales des Lumières, des mythes et croyances aux approches scientifiques, des vocables populaires aux classifications et terminologies savantes, des gravures aux objets, le concept de guérison offre un large éventail d’approches et d’échanges interdisciplinaires. Si l’enquête se concentre sur l’espace anglo-américain, elle s’efforcera de prendre en compte les interactions avec d’autres zones géographiques, dans un contexte global marqué par le développement de la colonisation, de l’esclavage et des échanges.

Parmi les pistes et approches possibles :

  • Guérisons physiques, psychologiques et spirituelles ; guérisons sociales et politiques, individuelles et collectives
  • Les acteurs de la guérison : patients et praticiens ; médecins, clergé, guérisseurs et guérisseuses, « cunning folk »
  • Mythes et croyances
  • Éthique et politique de la guérison
  • Le rôle des femmes : médiatrices et détentrices de savoirs ; femmes de foi ; sorcellerie
  • Savoirs et techniques : éditions érudites, traductions vernaculaires, vulgarisation
  • Penser, traduire, écrire, représenter, mettre en œuvre la guérison : écrits théoriques, religieux, intimes, littéraires ; théâtre ; arts visuels
  • Approches théoriques : la catharsis aristotélicienne ; travaux sur les affects et les émotions ; le corps et sa matérialité ; dénuement ; « radical empathy »
  • Regards croisés entre les XVIe-XVIIIe siècles et les XXe-XXIe siècles
  • Fonctions réparatrices du théâtre de la première modernité aux XVIe-XVIIIe siècles et à l’époque contemporaine

Les langues du colloque sont le français et l’anglais.

Les titres et propositions de communication d’une longueur de 500 mots environ, accompagnées d’une notice bio-bibliographique (200 mots), sont à envoyer pour le 10 janvier 2022 à l’adresse suivante : <sfs-seaa1718@univ-montp3.fr>. Les notifications d’acceptation ou de refus seront envoyées le 31 janvier 2022.

Comité scientifique : Paula Barros, Pierre Lurbe, Florence March, Anne-Marie Miller-Blaise, Christine Sukic, Janice Valls-Russell

Comité d’organisation : Paula Barros, Luc Borot, Pierre-Louis Coudray, Frédéric Delord, Gaëlle Ginestet, Pierre Kapitaniak, Vanessa Kuhner-Blaha, Agnès Lafont, Valérie Maffre, Florence March, Jean-Christophe Mayer, Chantal Rock, Janice Valls-Russell, Nathalie Vienne-Guerrin, Charles Whitworth, Daniel Yabut

Call for papers

Healing in Early Modern Britain, Ireland, and North America (16th–18th c.)

A joint conference of the French Shakespeare Society (SFS) and the Society for Anglo-American Studies of the 17th and 18th centuries (SEAA1718) organised with the Institute for Research on the Renaissance, the Neo-Classical Age, and the Enlightenment (IRCL)

20-22 October 2022 – Montpellier, France

Throughout the early modern period, a fear of epidemics and plagues shaped daily life, reorganised spaces, and affected individual and collective bodies and imaginations, with economic, political, societal, medical, and cultural repercussions that scholars were dissecting long before the Covid-19 pandemic. Healing, in this context, could be construed as an aspiration, in pursuit of which scientists and philosophers, whether secular or denominational, by doctors and healers (frequently female) in homes and parishes turned to faith, ancestral, ancient or oriental knowledge, emerging techniques and scientific knowledge. While illness and suffering were experienced through concrete manifestations, healing was frequently uncertain. As a subject of historical or literary inquiry, healing can be examined as an experience involving patients and practitioners engaged in processes of physical, moral or spiritual recovery; it can also be conceptualised as a tool for questioning the aspirations of different societies, communities and individuals.

This joint conference of the French Shakespeare Society (SFS) and the Society for Anglo-American Studies of the 17th and 18th centuries (SEAA1718) invites an interdisciplinary exploration of healing in early modern Britain, Ireland, and North America. Participants may wish to consider healing in its diverse manifestations, including physical or moral recovery, eschatological anticipation, and the reordering of the body politic and the social body. The conference also aims to examine the practices and experiences of all those involved in healing processes, and look closely at the multiple representations and discourses contributing to often-conflicting constructions of the notion of healing.

To refer to the healing process, early modern English used both ‘cure’ and ‘heal’. The two verbs convey a vast network of shifting connotations throughout the early modern period. The engagement with the healing process is further complicated by the word ‘care’, which combines notions of distress and solicitude. Until the mid-16th century, ‘health’ was used as a synonym for ‘healing’ and ‘cure’ (OED 3), but throughout the early modern period it also referred to ‘salvation’. It took on a more administrative meaning with the 17th- and 18th-century ‘health officers’, who participated in the development of what would become ‘healthcare’ in the 20th century.

The terms ‘cure’ and ‘healing’ run through the works of William Shakespeare and his contemporaries as expressions of a desire for health. They convey the aspirations of individuals and groups (or ‘commonwealths’) alike in the face of diseases that consume, gnaw, rot, and dismember. At the same time, Renaissance poetry explored the therapeutic power of texts as remedies for lovesickness. Robert Burton’s The Anatomy of Melancholy (1621), which was often reprinted in the 17th century and continued to be quoted in the 18th century, presented a large variety of cures and techniques, but also questioned the ethical limits of therapeutic intervention. On both sides of the Atlantic, members of the clergy strove to support the faithful of all denominations who feared for their salvation and underwent profound crises of despair. Faith and the intimate sphere offered spaces of solace, compassion and consolation, and functioned as reservoirs of restorative skills against contagion and the risk of decay of the political and social fabric.

Yet, fear and mistrust of treatments and practitioners were the counterpart of this desire for panaceas, a term that entered into the English language in the 16th century. Women with the ‘healing hand’ were in turn celebrated for their virtues and condemned as witches. As the phrase ‘physic of State’ illustrates, therapeutic tropes also coloured the political discourse. Calls to heal the national body sought to respond to religious and political dissensions, which were perceived as disruptive forces threatening social harmony and the underlying ideal of ‘neighbourliness’. In particular, the English and American revolutions gave rise to aspirations for peace and reconciliation. Yet, colonisation and the rapid expansion of an economy based on slavery undermined notions of social harmony, which Enlightenment philosophers took up in their promotion of the social contract and emancipation.

From the sphere of intimacy to the body of the nation, from ego-documents to political and medical treatises, from the sonnet to the sermon, from popular pharmacopoeias to the medical techniques of the Enlightenment, from myths and beliefs to scientific approaches, from popular terms to learned classifications and terminologies, from medical artefacts to works of art: the concept of healing invites a wide range of approaches and interdisciplinary exchanges. While centred on the Anglo-American area, these conversations are also bound to consider interactions with the rest of the world in an era of slavery, colonisation and increasing exchanges.

Possible avenues and approaches include:

– Physical, psychological and spiritual healing; social and political, individual and collective healing 

– Agents of healing: patients and practitioners; doctors, clergy, healers, ‘cunning folk’

– Myths and beliefs

– The ethics and politics of healing

– The role of women, as mediators and holders of knowledge; women of faith; witchcraft

– Knowledge and techniques: learned writings, vernacular translations, popularisation

– Thinking, translating, writing, representing, implementing healing: theoretical, religious, intimate, literary writings; drama; the visual arts

– Theoretical approaches: Aristotelian catharsis; affect theory; the study of emotion; the body and its materiality; deprivation; radical empathy

– Comparative perspectives on the early modern and contemporary periods

– Restorative functions of the theatre from the early modern period to the present

The languages of the conference are English and French.

Participants are invited to submit a title, a 500-word abstract, and a bio-biblio (200 words) by 10 January 2022 at <sfs-seaa1718@univ-montp3.fr>. The advisory board’s decision will be notified by 31 January 2022. 

Advisory board: Paula Barros, Pierre Lurbe, Florence March, Anne-Marie Miller-Blaise, Christine Sukic, Janice Valls-Russell

Organising committee: Paula Barros, Luc Borot, Pierre-Louis Coudray, Frédéric Delord, Gaëlle Ginestet, Pierre Kapitaniak, Vanessa Kuhner-Blaha, Agnès Lafont, Valérie Maffre, Florence March, Jean-Christophe Mayer, Chantal Rock, Janice Valls-Russell, Nathalie Vienne-Guerrin, Charles Whitworth, Daniel Yabut